Réponses : Questionnaire Climat
Nous avons réalisé un petit sondage....
Questions 1 et 2 :
Quelle est la température moyenne annuelle à Clermont-Ferrand/Aulnat (331 m) ?
Quelle est la température moyenne annuelle à Chastreix-Sancy (1385 m) ?
La température moyenne est calculée en réalisant la moyenne de la température minimale et de la température maximale de chaque jour ( Tmoy = (Tmin + Tmax) / 2 ). On réalise ensuite la moyenne de tous les jours de l’année pour obtenir la valeur annuelle. Cette valeur est lissée, elle ne représente donc pas les températures extrêmes qui sont les plus marquantes pour nous. Ainsi la température moyenne annuelle est de 11,7 °C à Clermont-Ferrand (question 1) et 6,4°C à Chastreix (question 2). Ces valeurs correspondent aux moyennes de la période 1981-2010. Ces températures, qui peuvent sembler fraîches, sont dues aux moyennes mensuelles faibles en hiver (entre 2°C et 6°C à Clermont-Ferrand et entre -3 et 3°C à Chastreix) et qui ne sont pas aussi élevées qu’on pourrait le croire l’été (entre 18 et 22°C à Clermont-Ferrand et entre 12 et 16°C à Chastreix).
Questions 3, 5 et 8 :
Quelle est la période de l'année pendant laquelle le cumul mensuel de précipitations est le plus élevé à Clermont-Ferrand/Aulnat (331 m) ?
En un an, il pleut en moyenne davantage à Nice (Alpes-Maritimes), qu'à Clermont-Ferrand/Aulnat et le cumul annuel de pluie à Sète (Hérault) est quasiment identique (à 20 mm près) à celui de Clermont-Ferrand/Aulnat (331 m) : vrai ou faux ?
Quels sont les cumuls de précipitations annuelles moyennes ?
Clermont Ferrand/Aulnat se situe dans la plaine de la Limagne avec la chaîne des Puys à l’ouest. Pendant l’hiver, comme les perturbations viennent principalement de l’ouest, la chaîne des Puys et le massif du Sancy agissent comme une barrière : c’est l’effet de Foehn. L’air arrivant par l’ouest est soulevé par les reliefs, ce qui accentue la condensation et renforce les précipitations. Mais en redescendant de l’autre côté des massifs un assèchement et un réchauffement marqués se produisent. En conséquence, il pleut beaucoup plus sur les versants ouest des reliefs qui bloquent les nuages et les précipitations que du côté est.
Clermont-Ferrand subit donc un climat relativement sec durant l’hiver (période pendant laquelle les pluies sont engendrées par les perturbations) et une grande partie des cumuls est liée aux orages qui surviennent durant la saison estivale entre mai et septembre (question 3). Par conséquent, Clermont-Ferrand est une des villes les moins arrosées de France (env. 570 mm/an), valeurs proches de Sète (560 mm/an en moyenne) mais loin derrière celles de Nice (730 mm/an) (sujet aux épisodes méditerranéens) (question 5).
En conséquence, du fait de la présence des reliefs on relève environ 2000 mm sur les stations de ski du Sancy et 3 à 4 fois moins dans la plaine de la Limagne (question 8).
Question 4 :
Au cours de ces quarante dernières années, combien de jours ont été marqués par une température supérieure ou égale à +40°C à Clermont-Ferrand/Aulnat (331 m) ?
Des températures supérieures à 40°C sont loin d’être quelque chose de commun à nos latitudes puisque cette barre symbolique n’a été atteinte qu’à 3 reprises à Clermont-Ferrand/Aulnat (question 4) avec 40 et 40,9°C (record de la station durant l’été chaud et caniculaire de 2019) et 40,7°C (en juillet 1983). Cette question n’a eu que 38% de bonnes réponses car notre ressenti est biaisé par les valeurs élevées du thermomètre de sa voiture garée au soleil, du thermomètre sur le rebord de fenêtre ou encore du thermomètre sur l’enseigne d’une pharmacie en plein soleil. En revanche, une température de l’air de 40°C (mesurée à 2m grâce à un capteur dans un abri ventilé qui le protège du rayonnement solaire direct et indirect) est dangereuse pour l’organisme et heureusement rare. Les projections climatiques nous montrent par ailleurs que cette température devrait être dépassée plus régulièrement dans le futur.
Question 6 :
Il n'est pas rare d'observer en hiver une température de -5°C dans la plaine de la Limagne vers 300 m d'altitude pendant qu'il fait +10°C au sommet du puy de Dôme (1465 m) : vrai ou faux ?
Principalement en hiver, le phénomène d’inversion de température peut être très marqué. La nuit, le sol se refroidit en émettant du rayonnement infrarouge et refroidit l’air au-dessus de la surface. L’air froid étant plus lourd que l’air chaud, il va descendre par gravité dans le fond des vallées et des plaines, on parle alors de « trous à froid ». Cela explique qu’il puisse faire -5°C en plaine et +10°C sur les sommets (question 6).
Question 7 :
Quel est l’écart de température moyenne annuelle entre le Mont-Dore (1050 m) et Clermont-Ferrand/Aulnat (331 m) ?
Dans la troposphère (couche de l’atmosphère dans laquelle nous vivons) la température diminue en moyenne de 0,65 °C tous les 100 mètres. Par conséquent la différence d’altitude entre Clermont-Ferrand/Aulnat et Le Mont-Dore étant proche de 700 m, cela entraîne une différence de 4,5°C en théorie. Certains phénomènes locaux comme celui vu dans le paragraphe précédent (inversion en hiver) réduisent cette valeur qui est proche de 4°C (question 7).
Question 9 :
Quel est le record de chaleur à Clermont-Ferrand/Aulnat (331 m) depuis 1950 ?
Le record de chaleur appartient à la canicule de juin 2019, mesurée comme une des plus intenses après août 2003. Cette vague de chaleur est liée à une goutte froide en altitude au large du Portugal qui a fait remonter de l’air chaud depuis l’Afrique jusque sur l’Europe de l’ouest. De plus, le haut géopotentiel à 500 hPa (tache rouge sur l’image) sur la France favorise la subsidence et ainsi la stabilité de la masse d’air et son réchauffement.
C’est durant cette canicule que nous avons rencontré le jour le plus chaud jamais enregistré pour un mois de juin en France, le 26 juin, et le record pour la station de Clermont-Ferrand le 27 juin avec 40,9°C (question 9) dépassant la normale des maximales de juin de 18°C.
Réanalyse ECMWF Pmer et Z 500 hPa du jeudi 27 juin 2019 (source www.meteociel.fr)
Question 10 :
La durée d'ensoleillement annuel à Clermont-Ferrand/Aulnat (331 m) est de 300 heures plus élevée que celle de Paris et est légèrement supérieure à celle de Biarritz : vrai ou faux ?
L’Auvergne se situe légèrement au-dessus de la moyenne de l’ensoleillement en France. L’ensoleillement augmentant globalement en se dirigeant vers le sud, Clermont-Ferrand reçoit 1960 h de soleil par an contre 1700 h à Paris. Rajoutons à cela l’effet de Foehn précédemment évoqué qui peut entraîner des périodes particulièrement dégagées sur le versant est de la chaîne des Puys. Biarritz, bien que plus au sud, ne reçoit que 1920 h d’ensoleillement (question 10), principalement à cause des entrées maritimes présentes l’été sur le Pays basque : l’océan Atlantique apportant de l’air plus frais et humide sur ces régions, des nuages bas se forment et empêchent l’ensoleillement.
Questions 11 et 13 :
Quelle est la moyenne des températures maximales en juillet à Clermont-Ferrand/Aulnat (331 m) ?
L'été 2021 a été : le plus frais depuis 30 ans ? ou le 17ème été le plus chaud depuis 1950 ?
Les températures supérieures à 40°C étant exceptionnelles, celles supérieures à 35 °C ne sont pas non plus habituelles. En moyenne, l’été est marqué par des périodes chaudes (env. 30-32°C en maximales) mais aussi des dépressions et des dégradations amenant pluie et air frais avec des températures maximales parfois de 15 °C. Tout ceci conduit à une moyenne des maximales autour de 26,5°C en juillet et en août à Clermont-Ferrand (question 11). Par conséquent l’été 2021, ressenti par certains froid et pluvieux, se situe proche de la moyenne pour les précipitations et légèrement au-dessus pour les températures, à l’échelle nationale. Ce n’était donc pas un été « pourri » mais bien le 17éme été le plus chaud et entre le 10ème et 15ème plus pluvieux depuis 1950 selon les stations (question 13).
Question 12 :
Je monte au sommet du puy de Dôme (1465 m) un après-midi de juillet. La température est de +16°C. A quelle anomalie de température cette valeur correspond-elle ?
Si vous êtes déjà monté au sommet du puy de Dôme lors d’une belle après-midi d’été vous pouvez vous dire qu’une température de 16°C est trop fraîche. En réalité c’est une ambiance tout à fait normale ! La moyenne est en effet proche de 16 °C pour les maximales de juillet (question 12). La dernière moyenne officielle mesurée par Météo France était de 15°C pour les maximales entre 1951 et 1980, aujourd’hui elle est proche de 16°C.
Question 14 :
L'évolution actuelle du climat va obligatoirement conduire à une augmentation du nombre de tempêtes et d'orages en Auvergne dans les prochaines décennies : vrai ou faux ?
Si nous portons désormais plus d’intérêt aux phénomènes violents, il serait malvenu de penser que ceux-ci vont nécessairement se multiplier dans les années à venir. A l’heure actuelle aucun lien clair et évident n’a été établi entre le changement climatique et une éventuelle augmentation du nombre de tempêtes et d’orages (question 14). Toutefois, un lien de cause à effet est établi entre le changement climatique et les vagues de chaleur qui devraient être plus récurrentes et plus intenses, les vagues de froid plus rares et atténuées. En ce qui concerne les précipitations, un air plus chaud peut contenir plus de vapeur d’eau, ce qui peut entraîner des pluies plus intenses et plus longues.
Question 15 :
L'évolution actuelle du climat va obligatoirement conduire à une augmentation du nombre de tempêtes et d'orages en Auvergne dans les prochaines décennies : vrai ou faux ?
Divers phénomènes venteux peuvent se produire lors d’un orage :
-
les tornades (30 à 50 par an en France), tourbillon qui se condense et touche le sol
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les rafales descendantes qui sont liées à l’évaporation des précipitations sous l’orage qui refroidit l’air sous ce dernier ; cet air froid va descendre rapidement et s’étaler au sol, pouvant créer des rafales supérieures à 100 km/h.
En revanche le terme mini-tornade n’existe pas !! (question 15). Ce néologisme est très utilisé par les médias pour caractériser des dommages créés par le vent sur une petite surface, aussi bien sous un orage (rafales descendantes) que lors d’un tourbillon de poussière (deux phénomènes qui ne sont pas du tout des tornades d’un point de vue météorologique).
Question 16 :
Au regard du rythme actuel, comment va évaluer la température moyenne annuelle actuelle ?
Depuis 3 décennies, la température moyenne annuelle augmente de 0,2 à 0,5°C tous les 10 ans (question 16). Cette augmentation est liée au réchauffement climatique global de la planète ; les températures dépassent aujourd’hui de 1°C celles de la période préindustrielle (1850). Aussi, le réchauffement étant plus rapide sur continent que sur océan, les valeurs sur terre croissent rapidement. Ainsi on aurait en 2050 à Clermont-Ferrand/Aulnat la température moyenne des années 1970 à Nîmes.
Question 17 :
Quel est le record de froid au Mont-Dore (1050 m) depuis 1950 ?
Le Mont-Dore a connu son record de froid durant la vague de froid de février 1956 avec -23,8 °C (question 17). Cette vague de froid est due à un anticyclone présent sur l’Islande plaçant la France dans une courbure anticyclonique avec un flux d’est à nord-est apportant de l’air froid des pays du nord et de l’est de l’Europe. Les températures ont chuté sur une grande partie de la France, jusqu’à -20°C.
Réanalyse ECMWF Pmer et Z 500 hPa du samedi 11 février 1956 (source www.meteociel.fr)
Question 18 :
A Saint-Nectaire, à l'est du Sancy, il pleut (ou neige) en moyenne 1000 à 1500 mm de moins que sur les stations du Mont-Dore et de Super-Besse soit à environ 15 km à vol d'oiseau seulement : vrai ou faux ?
Comme expliqué précédemment l’effet de Foehn a un impact majeur sur les précipitations dans les zones de reliefs. Saint-Nectaire se situant à l’est du massif du Sancy, la ville bénéficie de conditions plus sèches que les versants ouest. Les précipitations à Saint-Nectaire (750 mm/an) sont 2 à 3 fois moins importantes qu’au Mont-Dore (environ 2000 mm/an) (question 18).
Ce phénomène se vérifie sur une échelle de temps importante et est également visible depuis le début de l’année 2022 comme le montre l’image ci-dessous.
Lame d’eau (accumulation de précipitations) de janvier au 4 juillet 2022 (source https://www.meteo60.fr/radars-precipitations-pluie-france.php)
Question 19 :
En juin 2019, une vague de chaleur historique a fait grimper la température en pleine nuit à +29°C au sommet du puy de Dôme pendant qu'il faisait moins chaud à Clermont-Ferrand/Aulnat : vrai ou faux ?
Lors de la canicule de juin 2019, beaucoup de records ont été battus sur un grand nombre de stations dont le record absolu en France avec 46 °C à Vérargues. D’autres phénomènes extrêmes plus locaux sont apparus comme à Clermont-Ferrand avec une température de 23°C la nuit du 26 au 27, plus froide qu’au sommet du Puy de Dôme où a été relevé 29°C (question 19). La masse d’air chaud (au-delà de 20°C) a subi un nouveau réchauffement, lors de l’arrivée en altitude d’air chaud du sud-ouest. La nuit, une inversion de température s’est formée dans la plaine de la Limagne (trou à froid), tandis que le puy de Dôme étant un sommet isolé, l’impact du sol y est négligeable, l’arrivée d’air plus chaud d’altitude a été notable.
Question 20 :
Il y a environ 20.000 ans, lors de la dernière glaciation, le nord de l’Europe était recouvert d’un gigantesque glacier (inlandsis), la France connaissait un paysage de toundras, des glaciers évoluaient dans les vallées du Sancy, le niveau de la mer était environ 120 m plus bas et la Manche n’existait pas. Lors de cette période, quelle était la différence de température moyenne sur Terre, par rapport à aujourd’hui ?
Inscrite dans une alternance de périodes glaciaires et interglaciaires, la Terre change radicalement de visage tous les 80 000 ans. Lors de la dernière glaciation, la température moyenne sur Terre était inférieure d’environ 5°C (question 20) par rapport aux moyennes actuelles. Ces quelques degrés en moins ont engendré d’importantes variations du niveau des océans et du volume des glaciers.
Si on considère la moyenne de Chastreix autour de 6°C actuellement, elle était donc autour de 0 °C lors de la dernière période glaciaire et donc différents glaciers remplaçaient le massif du Sancy (leur avancée a creusé les vallées actuelles : Chaudefour, Cirque de la Fontaine Salée…).
Cette faible amplitude montre également l’impact actuel des émissions anthropiques et du réchauffement climatique, qui n’est pas négligeable. Par rapport à la période préindustrielle, on a relevé autour de +1 °C sur la dernière décennie et on prévoit entre 1,5 et 5 °C d’ici 2100.
Résultats :