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Interprétation des images radar

     Météovergne fait appel à un prestataire pour la mise à disposition des images radars sur l'application mobile. Elles sont disponibles dans la section Radar du menu de gauche depuis le 01/04/21.

     Le réseau de radars de Météo-France (33 en 2020) permet de détecter, de localiser et de mesurer l’intensité des précipitations en quasi-temps réel (actualisation toutes les 5 minutes). Il s’agit ainsi d’un outil d’OBSERVATION et non de prévision (à retenir !). C‘est à dire que la cartographie proposée rend compte de ce qu’il se passe.

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Illustration : Météo-France

     Cependant, il est impératif de connaitre les imprécisions, les erreurs d’affichage possibles afin de bien interpréter les données. Une absence de précipitations visible sur l’animation radar n’est pas la garantie que des précipitations sont absentes (échos masqués) ou qu’elles ne sont pas attendues (formation possible d’une averse ou d’un orage en quelques minutes). Voici quelques points de vigilance pour interpréter au mieux ce qui est proposé.

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Averse orageuse de masse d’air froid visible depuis Rochefort-Montagne le 8 juin 2020.

Ne pas confondre intensité et cumuls

     Une image ou une animation radar permet de rendre compte de l’intensité des précipitations en millimètres par heure (mm/h). Lorsqu’une zone de précipitations traverse un secteur avec une intensité de précipitations de 25 mm/h, cela signifie que si elle était statique, on relèverait en 1h un cumul de 25 mm.

     Ainsi, un orage qui transite peut très bien s’afficher sur l’image radar comme étant à l’origine de très fortes précipitations de l’ordre de 200 mm/h mais si le phénomène ne circule que quelques minutes, malgré l’effet impressionnant des chutes de pluie, le cumul mesuré dans le pluviomètre peut atteindre seulement quelques millimètres. Il est ainsi maladroit de parler de « forts cumuls », une expression répandue.

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Une cellule orageuse et son rideau de précipitations visibles depuis le sommet du puy de Dôme le 26 juillet 2019

mm/heure mm cumulés

1 mm = 1 litre sur 1m² de surface.

     En connaissant les intensités et le temps de circulation des précipitations, on peut donc arriver à une estimation des cumuls de précipitations (proposés sur l’interface de visualisation). ATTENTION : ces cumuls sont bien des estimations et ne peuvent remplacer des pluviomètres. Il convient d’avoir à l’esprit l’ensemble des biais possibles décrits ci-dessous.

L'intensité sous-estimée des chutes de neige

      Lorsque les précipitations tombent sous forme de neige, leur intensité est réduite par rapport à la valeur réelle (en faisant l’équivalence en eau liquide). Ainsi, de fortes chutes de neige (faible réflectivité) apparaitront sur le radar sous l’aspect d’une intensité de seulement quelques millimètres par heure, de manière uniforme sur un même secteur dans le cas d’un front.

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Fortes chutes de neige au passage d'un front à Laqueuille le 28/12/20

     Un cas particulier : lorsque le faisceau radar traverse une zone de précipitations sous l’isotherme 0°C où les flocons se transforme en pluie, des valeurs d’intensités très élevées peuvent être détectées. Ce phénomène est lié au fait que les flocons s’enveloppent d’une couche d’eau liquide très réfléchissante. Il prend en général une forme circulaire quasi-stationnaire sur les échos autour du radar. C’est ce qu’on appelle la bande brillante.

     Enfin, il existe des images radars qui font la distinction entre la pluie et la neige. Il faut être très prudent face à ces produits car ils mêlent l’observation réelle des précipitations, une modélisation (prévision) de l’isotherme 0°C, ainsi que la topographie. La discrimination pluie/neige se fait ainsi sur la base d’une modélisation et non d’observations réelles, ce qui peut provoquer des écarts avec la réalité (dépend de la structure thermique verticale de la masse d’air).

Des bruines et précipitations orographiques cachées

     Certaines précipitations (pluie ou neige) peuvent être masquées par le relief. C’est particulièrement le cas lors d’un flux d’ouest océanique, lorsque le secteur chaud d’une perturbation circule. Cet air s’élève au contact des premiers reliefs de l’ouest de la France, se condense et des précipitations dites orographiques (formées/amplifiées par le relief) se déversent alors sur les versants ouest et le cœur des massifs, particulièrement dans le Sancy. Ces précipitations, quand elles sont liquides, prennent l’aspect de gouttes assez fines, « resserrés », parfois de la bruine modérée à forte. Ces précipitations peuvent être totalement inexistantes sur l’image radar. Pourtant, leur intensité est en général de l’ordre de 1 à 3 mm/h. Autant dire que l’on ressort trempé en s’aventurant dans ces conditions.

 

On peut parfois détecter ces conditions lorsque l’on aperçoit des petites zones de précipitations qui circulent depuis l’ouest, sur le Limousin notamment.

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Image radar du 02/02/21 : intensités relevées par les pluviomètres de 1 à 3 mm/h au cœur du Sancy au cours de cette période mais précipitations n’apparaissant pas directement sur le radar - www.meteociel.fr

    Aussi, lorsque l’on observe de la bruine plutôt liée à une couche de stratus (couche nuageuse basse piégée en basses couches), le faisceau radar passant au-dessus de la couche nuageuse et la faible réflectivité la bruine, limitent leur signalement.

Fortes pluies et grêle sous-estimées également

     Quand de la grêle tombe sous un système convectif (orage), les intensités sont souvent fortes mais ne reflètent pas la quantité équivalente d’eau liquide.

      Aussi, lorsque les intensités dépassent 150/200 mm/h, il y a une forte probabilité de grêle. Les réflectivités sont d’autant plus élevées que les grêlons sont gros.

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Grêlons tombés à Laqueuille le 21 juillet 2020

     Plus les précipitations sont fortes, moins les intensités déduites sont précises et peuvent être atténuées. On peut également citer d’autres éléments défavorables à la qualité de la mesure (la structure protectrice du radar, le radôme, mouillé, ou encore un obstacle naturel ou artificiel qui masque les échos de l’autre côté).

Pas de précipitations ne veut pas dire absence de risque imminent

     Lorsque les précipitations attendues ont pour origine une perturbation (front chaud, front froid), l’étendue du phénomène (plusieurs centaines de kilomètres) permet une bonne visualisation de leur progression. Il est alors aisé d’estimer l’heure d’arrivée.

     En revanche, en situation instable où des averses/orages sont censés se développer, le radar ne pourra pas être utile pour anticiper des précipitations puisque ces phénomènes pourront se former spontanément, parfois en quelques minutes. D’où l’intérêt de lire le bulletin de prévisions afin de s’imprégner du contexte météo prévu. Dans cette situation, deux outils seront alors utiles : une observation visuelle (extension verticale des cumulus, aspect des contours,…) et les images satellites, notamment l’infrarouge qui met en évidence le rythme de refroidissement des sommets nuageux (et donc leur développement).

     Une fois formé, l’averse ou l’orage pourra évidement être suivi par le biais des animations radar. On en profitera pour chasser une idée reçu bien ancrée : « l’orage tourne ». Non, un orage ne tourne pas autour d’un point. Il s’agira en général de plusieurs cellules orageuses qui peuvent circuler en journée.

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Développements cumuliformes au-dessus du massif du Sancy le 25 juillet 2018 : un orage se forme sur place.

Des fausses précipitations

    Il existe un cas particulier de précipitations, bien réelles mais qui n’atteignent pas le sol. On parle de virgas. Ce phénomène est fréquent en situation orageuse (altocumulus instables) ou encore à l‘avant d’un front chaud. Le point commun étant que les bases nuageuses élevées et l’air sec en-dessous favorisent une évaporation des précipitations avant d’atteindre le sol. Les radars peuvent ainsi des détecter des précipitations qui circulent au-dessus de nous mais il ne tombe pas une goutte ou un flocon. En levant les yeux au ciel, on observe des bandes de précipitations caractéristiques.

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Virgas sous altocumulus visibles depuis Laqueuille le 8 mai 2020.

    Enfin, il n’est pas rare d’observer des échos parasites de précipitations, notamment par temps anticyclonique (inversion de température, présence d’oiseaux, d’insectes). Ce type de fausses précipitations apparait de manière caractéristique, comme des « confettis » peu mobiles, autour d’un secteur.

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