Photo d'illustration : important épisode neigeux tardif le 13 mai 2018 dans le massif du Sancy - Météovergne.
Après une nouvelle période de temps sec de plus de dix jours, le contexte météorologique général va radicalement changer début avril. Les signaux sont visibles depuis plusieurs jours et la tendance est maintenant confirmée par l’ensemble des modélisations. Avec la remontée vers de hautes latitudes d'une vaste dorsale anticyclonique au-dessus de l'Atlantique Nord, un décrochage d'air polaire va débouler sur le pays entre le 2 et le 3 avril (on frôlera -40°C à 5500 m) :
Prévision de la température de la masse d'air à 500 hpa (environ 5500 m) et du géopotentiel.
Modèle WRF - www.meteociel.fr
Lundi s'annonce comme une journée de transition. Avec la présence d'air relativement froid en altitude et la remontée d'air doux dans les basses couches, des averses seront possibles dans un contexte nuageux. Mardi, les averses, organisées en lignes s’annoncent plus fréquentes, début du refroidissement, qui sera surtout marqué la nuit suivante. Mercredi, conditions hivernales jusqu’à une altitude assez basse : on ne devrait pas observer de dégel au-dessus de 1200 m environ et les giboulées/épisodes neigeux pourront potentiellement blanchir les sols jusqu’à une altitude bien inférieure à 1000 m.
TRÈS IMPORTANT : le bouleversement attendu la semaine prochaine est désormais acté. Mais lorsque de l'air froid dépressionnaire s'isole (goutte froide) comme cela va être le cas, les modélisations deviennent extrêmement volatiles. Il est impossible et totalement inutile et inefficace de proposer des scénarios quotidiens au-delà de mercredi et notamment les cumuls de neige et/ou de pluie attendus selon l'altitude et les versants (évolution anarchique des axes de précipitations).
A partir de jeudi, la goutte froide, logiquement vouée à disparaitre au fil des jours (souvent très lentement), devrait finalement être renforcée par une advection d'air froid déplaçant l’ensemble plus à l’ouest : présence d'air très froid en altitude, virulent flux de sud favorisant la remontée d'air doux : les ingrédients sont là pour connaitre d'importantes précipitations sur le sud du pays.
Évolution de la température prévue vers 5500 m entre le 3 et le 7 avril par le modèle GFS // - www.meteociel.fr
Il ne faut donc absolument pas chercher des prévisions précises pour le moment : 99,99% des prévisions disponibles sur Internet ne sont que la traduction "grand-public" de ce qui est offert par les modélisations présentées ici, elles-mêmes actualisées toutes les 6h. Ceci est également valable pour les prévisions de Météo-France à cette échéance : il n'y a pas de prévisionniste pour corriger et exposer ce contexte aux conséquences probables suivantes :
- fort refroidissement mercredi (acté)
- risque de précipitations abondantes de neige et/ou de pluie (LPN fluctuante)
- instabilité marquée favorable aux giboulées, voire aux orages
- risque de conditions très hivernales sur les sommets (vent violent, fort givrage, températures négatives)
- d'une manière générale, risque marqué d'intempéries à proximité de la Méditerranée et de phénomènes loc. virulents
Les scénarios quotidiens seront donc affinés lors des bulletins tendances sur l'application Météovergne mais surtout lors des bulletins à 48h.
Les modélisations réagissent au potentiel de précipitations avec une moitié sud du pays nettement plus exposée : les Alpes et les Pyrénées devraient connaitre d'abondantes chutes de neige, risque d'épisode cévénol pluvio-neigeux (les contreforts sud du Massif-Central pourraient aussi être exposés à d’abondantes chutes de neige).
Dans ce genre de conflit de masse d'air, quelques décalages suffisent à transformer des dizaines de centimètres de neige en dizaines de millimètres de pluie et inversement, sans compter sur le phénomène d'isothermie qui peut provoquer des chutes de neige collantes non anticipées sur certains secteurs...
Cumuls de précipitations prévus par le modèle ECMWF entre le 30/03 et le 09/04 - meteorologix.com
Cumuls de précipitations prévus par le modèle GFS // entre le 30/03 et le 09/04 - www.meteociel.fr
Ces potentielles précipitations seront salvatrices pour de nombreux espaces. A tire d'exemple, il n'est tombé que 38 mm à l’aéroport d'Aulnat depuis le 1er janvier 2019. Et même si pour cette station les mois de février et mars sont statistiquement les plus secs de l'année, le déficit est de l'ordre de 50%.
Il est très difficile de proposer une tendance fiable au-delà de la semaine à venir, car le positionnement des centres d'actions sera chahuté dans les prochains jours et de nombreux éléments seront à préciser au fil des bulletins quotidiens...
Il est également bon de rappeler que d'importants épisodes neigeux et des températures largement négatives sont tout à fait possibles dans les massifs au moins jusqu'en mai. il suffit de remonter à la mi-mai 2018 pour le comprendre...
Prévisions à suivre :